Aller au contenu

Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/399

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

partout à l’aise, aussi bien quand il s’élève dans les plus hautes régions que quand il descend aux plus humbles détails. Pour exprimer sa pensée avec toute la clarté possible, tantôt il la présente sous deux formes, l’une positive, l’autre négative ; tantôt il insère des explications[1] propres à la montrer sous toutes ses faces. Au lieu de grouper ensemble, comme le fait saint Matthieu, plusieurs sentences du Sauveur et de les donner ainsi tout d’une suite, il préfère rendre les discours de Jésus dans leur liaison intime avec les faits, c’est-à-dire sous la forme de dialogue. Parfois la réponse du Sauveur ne semble pas directe ; elle est mystérieuse et devient le point de départ d’un discours plus étendu[2]. Dans le récit des faits historiques, il entre dans les moindres détails, il met tout sous les yeux ; que la narration perde quelque chose en noblesse et en majesté, il ne s’en soucie pas, pourvu qu’elle soit claire, précise, vivante. L’histoire de la Samaritaine, les récits de la résurrection de Lazare, du lavement des pieds, de la visite de Pierre et de Jean au sépulcre, etc., sont autant de petits drames pleins de mouvement qui font revivre le passé. Mais quelle scène incomparable, sous ce rapport, que celle de la Passion, où des personnages tels que le Sauveur du monde, les Pharisiens haineux et cruels, Pilate tout à la fois orgueilleux et lâche, sceptique et superstitieux, parlent, agissent sous les yeux du lecteur et le tiennent jusqu’au dénoûment sous les étreintes du plus poignant intérêt !

Certes, ce style, ces accents sont d’un témoin ocu-

  1. Chap. ii, 21 sv. ; vi, 6, 64, 71 ; vii, 39 ; xi, 13, 31 ; xii, 6, 14-16, 33, 37 sv. ; xxi, 19, 23.
  2. Par ex. vi, 25, 26.