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Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/407

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cation de la foi en général, par conséquent de tous les Évangélistes, et nous avons vu que saint Matthieu en particulier s’est proposé de prouver aux Juifs que Jésus-Christ était le Christ ou le Messie. Mais l’Évangile de saint Jean a un caractère tout spécial ; il est éminemment dogmatique ; dès le début, au soin que prend l’auteur de donner, pour ainsi dire, une idée dogmatique de son héros, on s’aperçoit que ce n’est pas une simple histoire qui commence. En outre, quoique nulle part l’erreur ne soit désignée par son nom, partout se révèle l’existence d’adversaires que l’on veut convaincre. De là l’usage si fréquent du verbe croire, particulier au quatrième Évangile ; de là cette attention à mettre en relief, dans les discours et les récits, tout ce qui intéresse la foi au Sauveur, et cette conclusion ordinairement ajoutée après chaque narration : Et ils crurent en lui[1]. Saint Jean a donc composé son Évangile dans un but dogmatico-polémique, selon l’expression des Allemands, c’est-à-dire, pour affermir la foi des fidèles en repoussant l’hérésie. Toutefois, comme il a donné à son œuvre la forme générale de l’histoire, il va bien au delà de la réfutation des erreurs du temps : en démontrant que le Verbe incarné est le Sauveur du monde, et la foi en Jésus-Christ la condition du salut, en décrivant l’action du Saint-Esprit dans chaque âme et dans toute l’Église, et en présentant par là même une image abrégée du royaume de Dieu, il imprime à son exposition un caractère universel, et en fait une sorte d’apologie générale. Quant à l’opinion de plusieurs Pères, suivant laquelle saint Jean s’est proposé de compléter le récit

  1. Chap. ii, 11, 22 ; iv, 39, 41, 42, 53 ; vi, 14 ; vii, 31, 40 ; viii, 30, al.