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Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/408

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des synoptiques, elle est vraie en ce sens que le quatrième Évangéliste, dans le choix des matériaux qui lui étaient nécessaires pour atteindre son but principal, a omis a dessein les parties traitées par les trois premiers, et a suppléé aux omissions de ceux-ci en produisant beaucoup de faits et de discours nouveaux.


Quelles étaient les erreurs qui réclamaient de la part de l’apôtre un nouveau témoignage sur Jésus-Christ ? La réponse à cette question, très-utile pour l’intelligence parfaite du quatrième Évangile, se trouve dans les Actes et les Épitres des Apôtres, et dans les écrits des plus anciens Pères, surtout de saint Ignace et de saint Irénée.

Saint Paul fut, comme on le sait, le principal fondateur des églises d’Éphèse et d’Asie Mineure. Ce qui lui procura surtout des adhérents à Éphèse, ville renommée par ses savants et ses magiciens, ce fut l’éclat des miracles qu’il opérait[1]. Mais cet éclat attira aussi bien des gens dont « le cœur n’était pas droit[2]. » Il frappa surtout, dit le Dr Reithmayr[3], des Juifs qui possédaient une certaine culture scientifique, et qui, se faisant baptiser par la seule raison qu’ils croyaient que Jésus était le Christ, avaient, quant au reste, une foi plus ou moins suspecte. N’ayant qu’une idée très-imparfaite du Messie et de son royaume, ils n’étaient pas non plus assez dociles pour recevoir humblement ce qu’on leur annonçait sur la personne et la doctrine de Jésus-Christ. Ils se croyaient supérieurs aux Apôtres et essayaient d’expliquer la doctrine apostolique par leur prétendue science (gnose). Cette

  1. Act. xix, 11-20.
  2. Act. viii, 21.
  3. Traduit par M. Valroger, ii, 103.