Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/409

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

manie de transformer scientifiquement le christianisme se répandit, comme une épidémie, parmi les Juifs orientaux convertis à la foi. Les premiers symptômes de ce mal se déclarèrent sous les yeux mêmes de saint Paul, qui s’en plaint amèrement dans ses lettres pastorales[1] ; les Épîtres qu’il envoya de Rome en Orient sont également relatives à ces novateurs, qui tentaient de faire école. Les Épîtres catholiques ne s’élèvent pas avec moins de force contre ces faux docteurs gonflés d’orgueil, qui non-seulement détournaient de leur vrai sens les vérités de la foi, mais corrompaient encore les mœurs des fidèles, et tendaient à se propager dans l’Église comme une gangrène dévorante.

C’est contre cette propagande gnostique, continue Reithmayr, que furent dirigés les écrits de saint Jean. Le fil qui nous conduit directement à connaître le véritable état des choses se trouve dans les Épîtres de cet apôtre, surtout dans la première, véritable préface de l’Évangile. L’auteur ne prétend pas apporter des vérités inconnues : il sait, dit-il, que les fidèles auxquels il s’adresse ont eu, dès le commencement de leur conversion, une vraie connaissance de la doctrine chrétienne. Son but est seulement de les confirmer et de les prémunir contre les efforts de certains hommes qui cherchent à les induire en erreur[2]. Ces hommes, ces antéchrists, comme il les appelle, ne sont pas des ennemis du dehors, mais des hérétiques sortis du sein même des fidèles, et qui se détachent de la communauté par leurs doctrines particulières. Ces antéchrists ayant continuellement à la bouche le mot magique de

  1. I Tim. i, 3-7, 19 sv. vi, 20, 21.
  2. I, ii, 20-27.