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Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/455

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barque, et que Jésus n’y était point entré avec ses disciples, mais que les disciples étaient partis seuls. D’autres barques cependant vinrent de Tibériade près du lieu où le Seigneur, après avoir rendu grâces, leur avait donné à manger. Le peuple donc, ayant vu que Jésus n’était point là, ni ses disciples non plus, entra dans ces barques, et vint à Capharnaüm, cherchant Jésus[1]. Et l’ayant trouvé de l’autre côté de la mer, ils lui dirent : Maître, quand êtes-vous venu ici ? Jésus leur répondit[2] :

  1. La foule nourrie par le Sauveur passa la nuit dans le désert. Le lendemain matin, sachant qu’il n’y avait la veille sur le rivage qu’une seule barque où les Apôtres seuls étaient montés, elle en conclut que Jésus était resté près de là ; mais ne le voyant pas reparaître, elle s’imagina qu’il était retourné à Capharnaüm. C’est pourquoi un grand nombre, profitant des barques qui étaient sans doute venues pour le prendre, retournèrent à Capharnaüm, cherchant Jésus.
  2. Ce discours (26-60), où Notre-Seigneur enseigne qu’il donnera au monde un pain descendu du ciel, un pain de vie, renferme la promesse de l’Eucharistie, dont l’institution est racontée par les synoptiques, et dont l’usage parmi les premiers fidèles est décrit par saint Paul. Scion quelques-uns, ce n’est qu’à partir du vers 48 ou 49 qu’il serait question de l’Eucharistie ; tout ce qui précède devrait s’entendre uniquement dans un sens spirituel et figuré, savoir, d’une manducation de Jésus-Christ parla foi en lui. Nous pensons, avec Corn. Lapierre et Bossuet, que la différence est moins tranchée entre les diverses parties de ce discours, ou plutôt qu’il ne renferme pas, à proprement parler, plusieurs parties, mais une seule, et que depuis le commencement jusqu’à la fin Notre-Seigneur a en vue l’Eucharistie, annoncée d’abord en termes généraux, et ensuite sans aucun voile, dans un langage aussi clair, aussi simple, aussi précis que celui dont pourrait se servir un catéchiste du xixe siècle expliquant à des enfants la doctrine de l’Église sur le sacrement de nos autels. Si, dans plusieurs versets, il est question de la foi, c’est qu’elle est requise aussi bien pour l’Eucharistie que pour l’incarnation, et qu’il faut croire en Jésus-Christ qui donne sa chair à manger, comme il faut croire en Jésus-Christ descendu du ciel et revêtu de cette chair. Voici comment Kiofutar, qui résume dans son Commentaire sur saint Jean les travaux de l’Allemagne catholique, marque la gradation des pensées : 1° Promesse d’un pain céleste faite en général (vers. 26-34 ; 2° Jésus-Christ est un pain de vie (vers. 35-52) ; 3° sa chair est une nourriture, et son sang un breuvage.