Aller au contenu

Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/574

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas lui-même qu’il est venu pour appeler les pécheurs à la pénitence ? Quant aux Juifs, Marie s’était réhabilitée depuis longtemps à leurs yeux par sa pénitence et ses vertus.

Nous allons plus loin, et nous disons que l’Évangile, loin d’être contraire, est favorable à l’identité des trois Marie. 1. Saint Luc raconte au chap. vii la conversion d’une pécheresse ; cette femme, après une si grande grâce, consacre désormais toute sa vie à son divin bienfaiteur. N’est-ce pas ce qu’indique l’Évangéliste, lorsque, commençant le chapitre suivant par la mention des saintes femmes qui accompagnaient le Sauveur dans ses voyages et pourvoyaient à son entretien, nomme en premier lieu Marie de Magdala ? — 2. Nous lisons Luc, x, 49 sv., que Jésus, venant de Galilée à Jérusalem, fut reçu à Béthanie par Marthe, laquelle s’agitait beaucoup pour fournir aux besoins d’un hôte si illustre tandis que Marie, assise aux pieds du Sauveur, qu’elle avait naguère arrosés de ses larmes et essuyés de ses cheveux, écoutait la divine parole. Que l’on rapproche de ce passage Jean, xi, 2, où se trouve une allusion manifeste à Luc, vii, 37 sv., et l’on ne pourra guère douter que la pécheresse Madeleine et la sœur de Marthe ne soient la même personne. — 3. On arrive à la même conclusion en examinant avec soin ce que saint Jean raconte de Marie, sœur de Marthe, dans le même chapitre xi : c’est Marthe qui, en qualité de maîtresse de maison, avertie que Jésus arrive, va au-devant de lui ; Marie, qui ignore cette nouvelle, reste à la maison, occupée sans doute à prier. Mais à peine a-t-elle appris de sa soeur que le Seigneur est arrivé, qu’elle court vers lui, et tombe, comme de coutume, à ses pieds. — 4. Comme, selon notre opinion, Notre-Seigneur fut parfumé deux fois par la même femme dans la même maison de Simon le lépreux, la famille de Lazare et celle de Simon paraissent avoir été unies entre elles, sinon par la parenté, au moins par l’amitié ; c’est ce qui explique comment, dans la première de ces deux circonstances (Luc, vii, 37 sv.), la pécheresse, dont le nom est omis en cet endroit par l’Évangéliste, a pu s’introduire dans la salle à manger. C’est donc avec raison que l’Église a consacré dans sa liturgie l’opinion qui identifie Marie de Magdala avec la pécheresse mentionnée par saint Luc, et Marie, sœur de Lazare.

D’après une tradition ancienne, Marie-Madeleine, quelque temps après l’ascension, aborda dans les Gaules avec Marthe, Lazare et quelques autres disciples de Jésus, mourut en Provence, et fut ensevelie dans l’ancien couvent des Dominicains de Saint-Maximin, dans le diocèse d’Aix. Voy. Faillon, Monuments inédits sur l’apostolat de sainte Marie-Madeleine en Provence.

Nazareth, litt. fleur ou rejeton, où s’est tenue cachée la fleur la plus parfaite qui se soit épanouie sur la terre, où a germé le rejeton qui s’est élevé comme un signe à la vue des peuples, et vers lequel toutes les nations sont accourues (Is. xi) ; Nazareth, aujourd’hui Nazirah, appelée quelquefois par les Arabes la cité blanche à cause de l’éclatante blancheur de son sol et de ses maisons, était une petite ville de la basse Galilée, bâtie en amphithéâtre sur un pli de terrain au sommet du groupe de montagnes qui ferme au nord la plaine