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Page:Aulnoy - Contes des fées, 1868.djvu/301

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LE PRINCE LUTIN

peau qui rendait invisible. En voyant Furibond qui écoutait, il prit un clou et un marteau et attacha son oreille à la porte.

Furibond jeta les hauts cris. La reine court ouvrir et achève d’emporter l’oreille de son fils. Elle le met sur ses genoux et porte la main à son oreille pour la panser.

Léandre se saisit d’une poignée de verges, et en donne plusieurs coups sur les mains de la reine et sur le museau de son fils ; elle crie qu’on l’assassine. Tout le monde accourt : on ne voit personne, et l’on dit tout bas que la reine est folle. Le roi est le premier à le croire, il l’évite quand elle veut l’approcher. Lutin donne mille coups à Furibond, puis il va dans le jardin et se rend visible. Il cueille hardiment les fruits et les fleurs du parterre de la reine, chose défendue sous peine de la vie. Les jardiniers viennent dire à leurs majestés l’insolence de Léandre.