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Page:Austen - La Nouvelle Emma T3.djvu/83

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« Il ne serait pas excusable d’en agir autrement, puisque je sais à quoi m’en tenir. Ce n’est pas que je croie qu’il se soit imaginé que je lui en aie déjà donné. Non, s’il eût pensé que je partageais ses sentimens, il n’eût pas été si malheureux : et à son départ, son langage et ses regards eussent été bien différens. Cependant, je dois me tenir sur mes gardes. C’est-à-dire en supposant qu’il continue à m’aimer ; mais je ne m’y attends pas, je ne compte guère sur sa constance, il n’est pas homme à la fidélité duquel on puisse se fier. Il a le cœur chaud, mais porté au changement. Plus j’y réfléchis, plus je me trouve heureuse de ce que mon affection ne soit pas plus violente. Dans peu, je serai de nouveau tranquille, et ce sera une grande crise de passée : car on dit qu’il faut aimer une fois en sa vie ; et je m’en serai tirée à bon marché. »