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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/17

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temps, par le moyen et industrie desdits libraires, par laquelle notre sainte foy catholique a été grandement augmentée et corroborée, justice mieux entendue et administrée, et le divin service plus honorablement et plus curieusement fait, dit et célébré ; au moyen de quoy tant de bonnes et salutaires doctrines ont été manifestées communiquées et publiées à tout chascun, au moyen de quoy notre royaume précelle tous les autres : et autres innumérables biens qui en sont procédez et procèdent encore chascun jour… ».

C’est à Louis XII que remontent les premiers privilèges accordés aux libraires. Les auteurs ne voyaient alors dans ces privilèges que le moyen de se garantir des contrefaçons et le droit de poursuivre les contrefacteurs.

Ce n’est pas que Louis XII n’ait été effleuré quelquefois par les traits de la satire. Les clercs de la Basoche et les écoliers, dit Brantôme (Mémoires, t. 1er. parlaient du roi avec beaucoup de liberté dans leurs jeux de théâtre.

« Laissons les s’amuser, répondait-il aux observations de ses courtisans : je leur permets de parler de moi et de ma cour, mais respect à la reine ! Sinon, je les ferai pendre tous. »

Mais cet âge d’innocence et de pureté candide ne pouvait pas être et ne fut pas en effet de longue durée pour la presse. Dès le début du xvie siècle, la Renaissance et la Réforme l’emportèrent dans le mouvement universel d’agitation et de rénovation qui secouait alors l’Europe entière.

Avec la Renaissance, l’esprit humain se dégage des mille liens qui l’ont enserré jusque-là, pour se retremper, libre et rajeuni, au milieu de l’antiquité. Avec la Réforme, c’est un grand souffle d’indépendance, d’affranchissement et de libre examen, qui inspire et vivifie un monde nouveau.

L’imprimerie et la presse donnent à ce mouvement un élan prodigieux ; elles le propagent par leurs milliers de voix clandestines et voyageuses, qui chuchotent à l’oreille de tous l’esprit de révolte, le doute et les séductions des temps nouveaux.

C’est ce qu’a si bien compris et si bien exprimé M. Lenient dans son livre sur la Satire en France au xvie siècle[1]. « Jadis, dit-il, le pauvre

  1. Hachette, Paris, 1866, in 8e. p. 7.