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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/19

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pour extirper l’hérésie et sauver la religion attaquée, a d’abolir pour toujours en France, par un édit sévère, l’art de L’imprimerie, qui enfantait chaque jour une infinité de livres pernicieux ». Sur les sages conseils de Jean du Bellay et de Guillaume Budé. François Ier rejette le projet fanatique de la Sorbonne ; mais il renouvelle et fortifie les édits relatifs à la censure préalable. Des lettres patentes du 28 décembre 1537 et du 17 mars suivant portent défense « de vendre et imprimer aucuns livres, soit d’auteurs anciens ou modernes, avant de les avoir communiqués à Mellin de Saint-Gelais, abbé de Reclus, garde de la librairie et aumônier de François Ier, sous peine de confiscation desdits livres et d’amende ». Cette censure royale ne faisait d’ailleurs nul obstacle à la censure exercée par l’Université, pas plus qu’à celle du Parlement.

Le choix de ce premier censeur royal était bien singulier, comme l’a fait observer avec raison le bibliophile Jacob. « Soumettre ainsi les livres à la tenaille de Mellin si redouté de Ronsard, ne leur laisser prendre leur libre vol que lorsque ce poète des épigrammes licencieuses, des odes érotiques, en a octroyé la permission ! n’est-ce pas au moins étrange ? Que penser de la censure sous l’ancien régime, que dire de sa moralité, quand, cherchant quel fut le premier censeur royal et quel fut l’un des derniers, on trouve d’un côté Mellin de Saint-Gelais, de l’autre Crébillon le fils, deux des hommes dont les œuvres auraient mérité le plus de passer par le creuset légal remis en leurs mains, et qui, approvisionnant eux-mêmes les libraires de livres scandaleux, attirèrent sur la Librairie qu’ils devaient régenter tant d’invectives et de foudres[1]. »

Sous le règne de Henri II, l’édit du 11 décembre 1547 ordonne pour la première fois aux auteurs et imprimeurs l’obligation d’apposer leurs noms et surnoms, avec l’enseigne ou marque de librairie, sur les ouvrages qu’ils publient et subordonne la publication à la permission donnée « par lettres du roi expédiées sous le grand sceau de la chancellerie ».

Pour la première fois aussi, sous ce même règne, l’édit de Châteaubriant du 27 juin 1551 défend les imprimeries clandestines et prohibe

  1. Histoire de l’Imprimerie, Paris, 1852, grand in-8e