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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/24

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liation avec le Saint-Siège ! Après Barrière et Châtel, il suffit de citer l’avocat Jean Guédon, le chartreux Pierre Ouin, deux jacobins de Gand, Ridicoux et Argier, le capucin Langlois, etc. en attendant le fatal coup de couteau de Ravaillac qui donna la mort à Henri le Grand en 1610.

Chose singulière, et qui vient confirmer cette vérité banale que le plus souvent la presse, comme la lance d’Achille, guérit elle-même les maux qu’elle peut causer, la Ménippée, ce roi des pamphlets, cette satire nationale des Passerat, des Rapin, des Pithou, tua sous un feu roulant d’épigrammes, de couplets et de discours comiques tout ce qui pouvait survivre d’esprit ligueur en France, après les victoires d’Arqués et d’Ivry et la soumission de Mayenne.

Nous nous bornerons à signaler la nuée de satires pour ou contre les Jésuites, qui suivit l’assassinat de Henri IV. L’historien Poirson[1] a fait remarquer avec raison que ce sont précisément des théologiens jésuites, Becan, Emanuel Sa, Mariana, Suarez, qui ont développé les plus dangereux sophismes, « où éclatent, dit-il, les folies d’une théocratie subversive de toute loi divine et de toute loi morale, comme de tout ordre humain ». Le Parlement fit lacérer et brûler le livre de Mariana par la main du bourreau. Il condamna les doctrines ultramontaines des théologiens Jésuites. Ce fut comme le point de départ d’une polémique interminable entre les Jésuites et les royalistes gallicans. Pour donner une idée des libelles et des facturas de ce temps, il suffit de citer l’Anti-coton, le Fléau d’Arislogiton, la Chemise sanglante de Henri le Grand, le Jésuite Sicarius, le Contre-Assassin, le Remerciement des Beurrières, etc.[2].

Les Jésuites, pour leur défense, et aussi pour procurer eux-mêmes des livres à leurs écoliers, avaient recours à une imprimerie clandestine établie dans leur collège de Clermont à Paris, devenu plus tard le collège Louis-le-Grand. Une sentence du Chàtelet du 6 octobre 1614 leur « fit défense de tenir aucune presse, caractères et ustensiles de librairie, imprimerie et reliure, ni d’entreprendre à l’avenir sur l’art et fonctions desdils imprimeurs, libraires et relieurs de livres, à peine de confiscation et de trois mille livres d’amende[3] ».

  1. Tome IV. p. 205 de l’édition in-12.
  2. Leber, loc. cit., p. 99. — L’Université de Paris et les Jésuites, par Douarche, p, 182 et suiv.. Hachette, 1888.
  3. Peignot, loc. cit., p. 71.