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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/38

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« La Gazette, dit M. Gidel, traversa les orages de la Fronde sans succomber. Elle suivit et partagea les mauvais jours du roi, pour partager plus tard son triomphe. Installée dans l’orangerie du château de Saint-Germain, la Gazette ne pénétrait pas toujours dans Paris, et l’on y éprouvait plus d’une fois le regret de son absence. Théophraste Renaudot était un fort habile homme. Il comprit qu’il ne fallait pas laisser Paris sans journal. En effet, le journal était déjà devenu un besoin impérieux :. « Les curieux, est-il dit dans un ouvrage du temps, cherchaient partout la Gazette. Il semble disaient-ils, que tout soit mort depuis que la Gazette ne va plus ; l’on vit comme des bêtes sans savoir rien de ce qui se passe ; ainsi, sans quelques rogatons dont les colporteurs, en vidant leurs pochettes, remplissaient ces chambres vides de cervelles, ils prenaient le grand chemin des Petites-Maisons. D’autres, pour suppléer à ce défaut, forgeaient eux-mêmes des nouvelles pleines d’imaginations, bourrées de coq-à-l’âne, en faisant accroire aux simples et donnant à rire aux sérieux. » L’occasion était opportune, le père de la Gazette ne la laissa pas échapper. Il avait deux fils, il en fit des journalistes et fonda pour eux le Courrier français. C’était un journal voué eu apparence à la cause du Parlement. Renaudot avait fait la un véritable coup de maître. En continuant de tenir lui-même pour la cour, il mettait ses enfants dans le camp opposé, sur ainsi d’avoir toujours un refuge, au cas où la cause royale viendrait à succomber. Les fils de Renaudot, fort instruits, dit un contemporain, de toutes les manigances qu’il fallait pratiquer, eurent un succès prodigieux. On se jetait sur le Courrier français. « Le pain ne se vendait pas mieux, dit-on, l’on y courait comme au feu : l’on s’assommait pour en avoir, les colporteurs donnaient des arrhes la veille, afin qu’ils en eussent des premiers : on n’entendait, le vendredi, crier autre chose que le Courrier français, et cela rompait le cou à toutes les autres productions de l’esprit. » Le Courrier se vendait un sou. On en fit des parodies en vers.

« Cet usage d’écrire en vers des chroniques et des nouvelles survécut à la Fronde.


    1761, t’attribua au ministère des affaires étrangères. Le 1er janvier 1762, la Gazette prend le titre de Gazette de France et revêt les armes royales en guise de frontispice. Elle conserva l’un et l’autre lorsque Panckouke prit à bail, en octobre 1786, la direction de la feuille officieuse moyennant la redevance du tiers du prix net fixé pour chaque souscription. Ce produit fut du 1er janvier 1787 à 1789, de 20 ou 25 000 livres. (Bibliographie de l’histoire de Paris pendant la Révolution, par Maurice Tournent, t. II, p, 485.)