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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/52

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HISTOIRE DE LA PRESSE FRANÇAISE

suffira de mentionner ceux de Cerutti : Mémoire pour le peuple français, Etrennes au public, Vues générales sur la constitution française ; ceux de Condorcet sur les affaires présentes, sur les assemblées provinciales, etc. ; la Lettre sur les États Généraux, par Target ; le Cahier des États Généraux de Bergasse ; une Idée sur le mandat des députés aux États Généraux, de Serran ; la Voix du Citoyen par Lebrun, le futur consul ; les écrits du prince de Beauveau, du marquis de Casaux, de comte de Kersaint, de Delandine, de Desmeuniers, de Rœderer, etc.

Il nous faut insister particulièrement sur les trois brochures célèbres publiées par l’abbé Sieyès.

En novembre 1788, parut d’abord l'Essai sur les privilèges, où l’on retrouve, mais fort clairsemées, les traces de l’esprit mordant qui caractérise l’auteur.

Un peu plus tard, parut l’immortelle brochure : Qu’est-ce que le Tiers État[1] ? On sait qu’elle débute par ces trois aphorismes : Qu’est-ce que le tiers état ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien. Que demande-t-il ? A être quelque chose. Afin que le Tiers État devienne quelque chose et prenne la place qui lui est due, l’abbé Sieyès expose un programme aussi hardi qu’original. Suivant lui, lors de la réunion des États Généraux, « le Tiers doit s’assembler à parL ; il ne concourra point avec la noblesse et le clergé, il ne votera avec eux ni par ordre, ni par tête. Il prie qu’on fasse attention à la différence énorme qu’il y a entre l’Assemblée du Tiers État et celle des deux autres ordres. La première représente vingt-cinq millions d’hommes et délibère sur les intérêts de la nation. Les deux autres, dussent-elles se réunir, n’ont des pouvoirs que d’environ deux cent mille individus, et ne songent qu’à leurs privilèges. Le Tiers seul, dira-ton. ne peut pas former les États Généraux. Eh ! tant mieux. Il composera une Assemblée nationale. » Voilà l’idée, le mot capital lancé par Sieyès. On comprend maintenant l’importance de sa brochure et la légitime célébrité dont elle demeure entourée. Elle porte en germe les événements qui vont se développer. On peut

  1. Elle a été rééditée en en 1888. ainsi que l’Essai sur les privilèges, par la Société de l’histoire de la Révolution française, avec une introduction et des notes par {{M.|[[Auteur}} :Edme Champion|Edme Champion]].