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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/57

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LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

À peine quelques cahiers se prononcent-ils sur la juridiction qui sera appelée à réprimer les délits de presse. Le tiers état d’Auxois veut qu’il soit rédigé a un règlement, dont l’exécution sera confiée aux juges royaux ordinaires » : et la noblesse de Blois entend réserver « le droit qu’a tout citoyen de se pourvoir par les moyens de droit et dans les tribunaux ordinaires contre l’auteur et l’imprimeur dans le cas de diffamation ou de lésion ». Mais la « preuve parjurés » est réclamée en termes formels par la noblesse d’Auxois et par le tiers état de Versailles. Suivant la noblesse d’Auxois, on ne doit procéder contre l’auteur ou l’imprimeur « qu’en employant la preuve des jurés, de manière que la religion, l’honnêteté publique et l’honneur des citoyens ne puissent être attaqués impunément ». La ville de Versailles est plus explicite encore : « Pour prévenir l’abus que les juges ou les gens puissants pourraient faire de leur autorité, aucun écrit ne pourra être regardé comme libelle, s’il n’est déclaré tel par douze jurés, lesquels seront choisis suivant les formes prescrites par la loi qui interviendra sur cette matière. »

Il faut bien reconnaître que le choix de la juridiction destinée à réprimer les délits de presse était fort malaisé à faire de prime abord. La nation n’avait ni les mœurs ni la pratique de la liberté ; et on comprend à merveille ses hésitations, ses tâtonnements, lorsqu’elle est appelée brusquement à résoudre une question difficile, complexe, qui est encore aujourd’hui, après pins d’un siècle, livrée aux controverses politiques, sans jamais recevoir une solution, que les partis s’accordent à considérer comme définitive.

Quoi qu’il en soit, la réunion des États Généraux fut le signal d’une ère nouvelle Major rerum nascitur ordo. Il y eut alors de beaux jours les aspirations les plus généreuses, les rêves sublimes de justice, de liberté et de fraternité ! Ce fut en même temps la période la plus éclatante de l’épanouissement de la presse en France.

L’année 1789 fut vraiment le berceau de la presse périodique. Le journal n’est plus dès lors une simple feuille de nouvelles renseignant un petit nombre d’abonnés sur les mille racontars de la ville et de la cour, sur les anecdotes plus ou moins piquantes touchant le monde des théâtres et la république des lettres. C’est une tribune retentissante où montent des publicistes, les uns inspirés par l’amour