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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/56

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HISTOIRE DE LA PRESSE FRANÇAISE

l’envi les avantages de la liberté de la presse. « La nécessité de propager les lumières, dit le tiers état d’Amiens, l’utilité d’une censure publique qui éclaire la conduite des hommes, épure les mœurs, arrête les injustices ou venge les opprimés, qui fixe l’opinion sur les administrations en général, les corps et les individus en particulier, tout réclame que la presse soit libre ; mais en môme temps tout indique qu’il faut prendre des précautions pour réprimer les écrits séditieux et contraires à la religion et aux bonnes mœurs. »

Le tiers état de Clermont-Ferrand déclare que « l’avantage reconnu de la communication des idées fera considérer la liberté de la presse comme de droit naturel ». La noblesse de Clermont en Beauvoisis, animée du souffle le plus libéral, affirme « que la liberté entière donnée à la presse pour tout objet d’administration ne peut que produire le double avantage d’instruction pour les citoyens et de censure toujours active pour les ministres dont la conduite serait répréhensible. »

Les habitants et propriétaires de la paroisse de Montgeron (Seine-et-Oise ) s’expriment en termes non moins élevés et non moins pressants : « La liberté de publier les opinions faisant la partie essentielle de la liberté individuelle, puisque l’homme ne peut être libre quand sa pensée est esclave, la liberté de la presse sera accordée indéfiniment, sauf les réserves qui pourront être faites par les États Généraux. »

Si la liberté de la presse avait eu lieu, dit la noblesse du Boulonnais, la nation aurait été éclairée plutôt sur ses véritables intérêts.

La noblesse de Châtillon-sur-Seine réclame la liberté de la presse comme le seul moyen de faire parvenir jusqu’aux chefs de l’administration les connaissances et les lumières nécessaires pour les guider et les éclairer dans tontes leurs opérations.

ha difficulté consistera à établir une ligne de démarcation entre la liberté légitime et la licence de la presse. « La liberté de la presse. dit en effet le tiers de la ville d’Angoulême, tient a l’ordre social et au besoin d’éclairer l’administration : elle paraît devoir être sans bornes pour le bien, mais prohibée pour tout ce qui peut corrompre le cœur et l’esprit. »

Voilà un idéal magnifique, niais difficile à réaliser dans une société livrée aux luttes et aux disputes de toute sorte. On s’en remet aux États Généraux du soin d’assurer, par une loi claire et précise, la liberté des écrivains, tout en protégeant l’honneur des particuliers et les principes d’ordre public.