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Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/173

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de tout ce qu’il voit, il oublie l’anneau qu’il porte à son bras, et arrive devant le premier pont.

— Portier ! crie-t-il, baisse le pont et laisse-moi entrer.

— Volontiers, répond le portier, si tu es Sarrasin ; mais si tu es Français, tu auras le poing coupé.

C’est alors que Huon fit une grande folie : il ne se souvint plus d’Auberon, et, sans y penser, il répondit :

— Baisse le pont : je suis Sarrasin.

À peine eut-il franchi le pont que la mémoire lui revint et qu’il se sentit pris d’une grande douleur. Il jura devant Dieu de ne plus jamais mentir. Il s’approcha de l’autre pont et se mit à crier :

— Canaille, baisse le pont, et que Dieu te confonde !

— Maudit chrétien, dit le portier, comment as-tu passé le premier pont ?

— Connais-tu cet anneau ? dit Huon. Dépêche-toi de me laisser passer.

Aussitôt le portier courut abaisser le