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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/132

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losophiques était déférée au consistoire supérieur de Berlin ; celle des écrits touchant la jurisprudence et l’administration de la justice, au Cammergericht de Berlin ; celle des thèses et publications universitaires, aux conseils des universités ; celle des journaux et publications courantes, aux autorités locales[1].

Ainsi était instauré un régime de liberté à la prussienne, dont en plein xxe siècle Guillaume II, petit-fils d’un autre inoubliable Grand-Père, se proclamait le continuateur quand il promettait à ses sujets la liberté de pensée, la liberté de conscience, la liberté scientifique, mais non la liberté de se mal conduire[2].

Wolf, remerciant Ruhnken de son offre d’une chaire à Leyde, faisait valoir les honnêtes appointements qu’il avait à Halle, sa liberté d’action, d’enseignement et de publication… et l’absence d’édit contre les gens qui écrivent en latin, latine scribentibus apud Germanos edicta nulla[3]. Néanmoins, après quelques mois de réflexions, il se décidait à faire le voyage de Leyde (été de 1797) ; mais son ignorance de la langue hollandaise[4] et, surtout, les raisons pécuniaires le détournèrent définitivement de s’expatrier ; il avait l’espoir d’obtenir à Halle, dans un avenir prochain, un salaire plus large, à condition toutefois qu’il se conduisît aussi sagement envers les ministres de Frédéric-Guillaume II qu’envers ceux de Frédéric II. Après avoir annoncé autrefois son intention d’écrire ses Prolégomènes en allemand, il avait eu déjà la sagesse de les écrire en latin, puisque les édits ne s’étendaient pas aux écrits en cette langue.

  1. On trouvera la traduction de ces Édits en appendice au premier volume de l’Histoire… de Frédéric-Guillaume II de Prusse, par L. P. Ségur.
  2. Discours à Görlitz, le 28 novembre 1902.
  3. W. Kôrte, Studien und Leben, I, p. 316.
  4. Sur tout cela cf. W. Körte, Studien und Leben, I, p. 318.