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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/141

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Le second de ces indices, au dire de Wolf, c’est que des chants entiers pourraient être supprimés sans que ni l’un ni l’autre des deux ensembles en fût séparé ni brisé. Ici encore, la docte antiquité nous montre le chemin : Aristophane de Byzance et Aristarque, — et ils ne passent pas pour des critiques trop audacieux, non nimis audaces in hoc genere critici, — estimaient que la fin de l’Odyssée, à partir du vers 297 du chant XXIII et le chant XXIV de l’Iliade étaient des additions aux œuvres « du poète dont la majeure partie des chants antérieurs étaient l’ouvrage ». Wolf aurait pu, disait-il, citer bien d’autres exemples, sans parler de ce héros Pylaimenès qui meurt au beau milieu de l’Iliade et reparaît parmi les combattants de la fin. Si ces passages et parties ne sont pas d’Homère, que conclure pour l’ensemble ?... et que dire au bout du compte, si l’on peut appliquer la même sentence d’exclusion aux derniers chants de l’Iliade ?

Au bout, tout au bout du compte, Wolf espérait donc qu’on ne l’accuserait pas de témérité s’il estimait qu’Homère ne fût pas l’auteur des deux recueils actuels, et s’il en rapportait l’art et la structure aux âges suivants, Homerum non universorum quasi corporum suorum opificem esse, sed hanc artem et structuram posterioribus saeculis inditam (p. 134).

Mais... Wolf se réservait de discuter ailleurs et plus à fond ces matières et plusieurs autres, avec le soin minutieux que le sujet mérite : c’était assez pour aujourd’hui d’en avoir pris note, — et d’un galop plus accéléré (« Je courais sur des charbons », dira-t-il en sa lettre à Böttiger), il fuyait cette dangereuse période des origines et passait au second âge de l’histoire homérique, à ces temps de Lycurgue et de Solon où l’on ne risquait plus de s’enliser ; « on sort des conjectures ; l’histoire parle enfin. » Ici, en effet, s’arrêtent ou à peu