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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/208

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Essay dont il se servait comme d’un écran contre la lumière trop vive que pouvait projeter sur ses emprunts le nouvel Examen de Merian...

Car il n’est plus douteux, je pense, que Wolf a commis à l’endroit de Merian des emprunts qu’il n’a pas voulu avouer. Nous voyons maintenant ce qui reste de l’histoire racontée plus haut, de cette feuille des Prolégomènes rédigée déjà, toute prête pour l’impression et que l’auteur a dû condenser et abréger quand, tout à coup, il a fait une lecture précipitée de l’Examen de Merian !... Cette feuille n’a pu être rédigée qu’après une lecture soigneuse de l’Examen, avec le texte de l’Examen ou des notes prises sur ce texte.

Dans sa lettre à Böttiger du 15 mai 1795, Wolf réclamait sur Herder la priorité pour telle comparaison entre le sort des poèmes homériques et le sort des poésies ossianiques, entre le rôle de Macpherson et celui de Pisistrate ; il annonçait la place qu’en son grand ouvrage tiendrait l’étude des Carmina celtica... Il oubliait de renvoyer à la page 517 de Merian : « C’est ici la façon la plus raisonnable de se représenter le sort des poèmes d’Homère. Pourquoi n’en serait-il pas de lui comme des premiers poètes de tant d’autres nations dont les vers passaient de bouche en bouche et de mémoire en mémoire, comme par exemple des poètes Celtes, dont les Druides faisoient apprendre les Chants à la jeunesse Gauloise ?... Si les poésies d’Ossian sont authentiques, sur quoi il y a des doutes[1], elles ont éprouvé la même destinée. On en a découvert des pièces écrites et dans la montagne d’Écosse et dans les îles Orcades, mais qui assurément ne sont ni de la main d’Ossian ni du siècle

  1. Cf. la phrase de Wolf dans une lettre à Böttiger (W. Peters, Zur Geschichte, p. 17) sur les doutes des Anglais : da erst die albernen Zweifel der Engländer niedergeworfen werden musten, was nicht leicht ist.