Aller au contenu

Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

où il vécut. Elles furent écrites dans un temps où l’art d’écrire avoit percé dans ces contrées. C’est en partie de là, en partie des ballades et des chansons des montagnards que M. Macpherson a compilé son recueil. Il a été le Pisistrate de l’Écosse, si toutefois il n’en est pas l’Homère caché sous le masque d’Ossian. »

En toute cette affaire, on peut s’étonner du silence de Merian qui, vivant encore à cette date, se laissa dépouiller sans plus protester que feu d’Aubignac. Merian fut-il dupe des contes de Wolf ? crut-il à cette lecture rapide coïncidant avec l’envoi du manuscrit au typographe ? ne remarqua-t-il pas les ressemblances du texte wolfien avec son propre texte ? ne se considérait-il lui-même que comme un disciple de Robert Wood, dont Wolf était un autre adhérent ? estimait-il que « ce court Examen, jeté sur le papier pour son instruction », ne méritait pas qu’on « y attachât aucune sorte d’importance » ? satisfait de voir que ses idées, acceptées par les gens de science et mises en latin par un des grands orateurs universitaires, passaient ainsi dans les discussions et l’enseignement de l’Allemagne érudite, ne pensa-t-il même pas à se plaindre d’un emprunt aussi flatteur ? craignit-il, lui philosophe, lui Suisse, pensionné du roi de Prusse et témoin d’un âge défunt où les étrangers donnaient le ton à Berlin, craignit-il d’entrer en conflit avec un sujet, un fonctionnaire de très germanique et très pieux roi Frédéric-Guillaume ? n’obéissait-il qu’à son tempérament et à cette amabilité de caractère dont le Biograph de 1807, au lendemain de sa mort, le louait autant que de l’étendue de ses connaissances ?

Le choix serait possible entre ces hypothèses et d’autres encore, si quelque correspondance ou quelques mémoires nous disaient les rapports de Wolf avec Merian en cette année 1795. Il semble que Wolf