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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/229

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Aussi, de 1781 à 1788, l’opinion partout s’était faite qu’avant les Alexandrins, il n’y avait point eu, à proprement parler, de Vulgate homérique : la critique alexandrine avait dû frayer ses chemins à travers une sorte de forêt obscure et compacte, encombrée de rejets et de branches tombées, de lianes et de marécages ; là-dedans Aristarque et ses prédécesseurs avaient taillé, redressé, drainé pour obtenir enfin ce parc à l’ordonnance régulière qu’était la Vulgate.

Ajoutez l’impression que donnait aux yeux mêmes et de Villoison et de ses lecteurs cette Homeri Ilias, enfin publiée par lui ad veteris Codicis Veneti fidem recensita : sur les 652 pages de cet in-folio, les vers de l’Iliade n’en occupaient que 120, — à peine le cinquième, — tandis que les scholies s’étalaient en 532 pages bourrées, et il semblait que d’autres scholies encore, fournissant d’autres lectures et d’autres variantes, sortaient ou allaient sortir de mainte autre bibliothèque ; on en connaissait en Angleterre, en France, en Hollande, en Suisse, en plusieurs villes italiennes, en Espagne[1] ; dès le xvie siècle, on en avait publié à Rome, à Venise, à Paris, à Bâle, à Strasbourg ; au xviie, la Hollande et l’Angleterre en avaient donné des collections au bas de leurs textes savants, et durant tout le xviiie, on avait discuté sur l’usage que l’on devait faire de ces données changeantes[2].

Un simple, mais bon index des scholies vénitiennes aurait aussitôt permis à Villoison de dresser l’inventaire

  1. Cf. là-dessus Harles-Fabricius, Bibliotheca graeca, I, p. 408.
  2. Harles-Fabricius, op. laud., p. 413 : quanquam immensa fere vis est codicum manuscriptorum homericorum, hi tamen parum valent ad poetam ipsi reddendum : nam neque Iliada, neque Odysseam, prouti ex ingenuo oreque aut a manu Homeri profectae sint, ex illis codd. accipere possumus ; neque secundum prima exempla quomodo primum, litteris nondum perfectis, necdum plenis, fuerunt aratae, possunt restitui, etc.