Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/231

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homérisant s’était enfermé dans le silence et la retraite : « La célébrité de votre nom, vos talens éminens et le mérite immortel que vous vous êtes acquis dans la littérature ancienne ont fait les savans d’Allemagne demander mille fois l’un l’autre si l’on ne savoit rien du sort que vous aviés eu, si vous jouissiés encore d’une situation telle que vos travaux littéraires n’y perdoient pas. Mais personne n’y étoit plus intéressé que moi, parce que personne ne pouvoit plus être persuadé de votre mérite ni être plus attaché que moi, ayant toujours en main votre Homère, présent le plus précieux pour la littérature. Un concours de circonstances m’a engagé de prêter mes études à une nouvelle édition de ce père de la littérature. Autant qu’elle étoit attendue de votre part, je prenoi bien garde d’y penser ; mais depuis qu’il a paru que vous aviés quitté le champ, j’ai été bien hardi d’entrer en lice et de travailler sur les matériaux dont vous aviez enrichi la littérature. C’est donc proprement sur votre fond que je brode. Aussi personne ne peut pas être pénétré de plus de gratitude et de reconnoissance pour vous que celui qui revient tous les jours du bien que vous nous aviez procuré en mettant au monde ce manuscrit de Venise. Depuis ce tems, on a commencé de regarder Homère d’un tout autre œil : la critique a pris un essor plus haut et des idées toutes nouvelles sur ce poète se sont répandues entre les savans. M. Wolf, professeur de l’Université de Halle, mon disciple, m’a prévenu d’abord, en donnant une édition d’Homère, corrigée sur le manuscrit de Venise ; aussi dans ses Prolégomènes il a profité des vôtres. Moi je me suis engagé dans la critique un peu plus profonde et, voyant qu’il y avoit un champ assez vaste, j’ai me laissé entraîner dans une nouvelle édition avec un Commentaire critique qui doit suppléer à ce qu’on attendoit plutôt de main de maître. Mais tout ce qui en pourra résulté du bien sera