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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/263

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Villoison, touchant l’Iliade et les Alexandrins, après Wood et Merian, touchant l’écriture au temps d’Homère, après Herder et les Français, touchant la poésie chantée des peuples primitifs, après d’Aubignac touchant l’origine des poèmes homériques. La sentence de Georg Finsler paraît donc juste de tous points : les Prolégomènes ne contenaient pas, en vérité, une seule idée originale.

Mais dans l’intervalle de ces dates certaines, il en est d’autres qui nous renseigneraient plus exactement, si nous pouvions les retrouver et les intercaler. Deux de ces dates douteuses nous seraient d’une utilité toute spéciale : en quelle année Wolf a-t-il eu la première idée de sa recension d’Homère ? en quelle année a-t-il préparé, puis écrit ses Prolégomènes ?

Il a pensé à sa recension d’Homère dès 1781 et même dès 1780, dit-il en ses Prolégomènes, — dès 1779, dit-il en ses Lettres à Heyne. Étant la plus ancienne, cette dernière date lui serait la plus favorable : nous devons donc l’adopter. C’est en juillet 1779, — précise son biographe, gendre et admirateur, W. Körte[1], — qu’il aurait commencé de songer à Homère. Une lettre de Diedrichs du 26 novembre 1779 confirmerait cette précision : de Göttingue, en effet, Diedrichs demandait à Wolf où il en était de ses recherches homériques[2]. Ces indications, d’ailleurs, concordent avec les dires de Heyne, lequel aurait conseillé à son élève de ne rien entreprendre avant l’apparition de cette Iliade de Venise que Villoison (mars 1779) promettait aux érudits. Enfin une phrase de Wolf me semble décisive ; il dit en l’une de ses Préfaces de 1794 : « Dès l’adolescence, cette recension d’Homère fut l’un de mes

  1. W. Körte, Leben und Studien, p. 64.
  2. Id., ibid., p. 73.