Aller au contenu

Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vœux pour le jour où nous aurions le secours des trésors qui nous étaient promis, ut si promissis aucti essemus opibus et praesidiis[1]... » Je ne puis comprendre cette phrase que comme une allusion aux annonces et promesses de Villoison touchant « ce manuscrit unique qui est un des plus rares thrésors de l’antiquité. »

Il semble donc que, pour sa recension d’Homère, comme pour nombre de ses autres publications, Wolf a été décidé par l’exemple et les secours d’un devancier : en 1779, quand Villoison découvre le Venetus, Wolf se sent « voué » à l’étude d’Homère ; quand, au bout de seize ans (1779-1795) de recherches, de lectures, de scholiastes dépouillés, de lexiques compulsés, d’auteurs comparés et relus, Wolf a établi enfin son texte homérique, il se trouve qu’en la plupart des vers, nous dit-il, c’est au texte du Venetus qu’il aboutit, — sept ans après (1788-1795) que Villoison a enfin publié ce texte : quel long et pénible détour pour atteindre un but où d’autres arrivaient si aisément ! qua in re saepe mihi usu venit ut longo circuitu pervenirem ad eas correctiones quas eximii libri primus aspectus frustra obtulerat[2]... Passons aux « théories de Wolf ».

Dès 1779, il ne semble pas douteux que Wolf avait déjà sur l’histoire des poèmes homériques certaines des idées qu’il n’exposa timidement qu’en 1795, dans ses Prolégomènes.

En 1780, il avait fait à ce sujet quelques confidences au libraire Nicolaï de Berlin, en lui offrant sa future recension d’Homère. Nous n’avons pas conservé la lettre que Wolf avait écrite à Nicolaï le 10 mai 1780. Mais Wolf publiait en 1797 dans les Briefe an H. Heyne

  1. Kleine Schriften, I, p. 198.
  2. Prolegomena, p. 18.