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Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/223

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DES PRINC. ET DES ORIGIN.

Ainsi tout homme qui étudie la nature, doit avoir constamment présente à l’esprit cette vérité que Cupidon n’a ni père ni mère ; vérité qui l’empêchera de se perdre dans des conjectures aussi vagues qu’inutiles, et de prendre les mots pour les choses. Lorsque l’esprit humain veut généraliser, il va toujours trop loin ; il abuse de ses propres forces, et, après avoir passé le terme que la nature lui a marqué, il retombe dans ses idées les plus familières, et revient ainsi au point d’où il est parti. Car, vu la foiblesse et les limites naturelles de l’entendement, les idées qui lui sont les plus familières, celles, dis-je, qu’il peut se représenter aisément, concevoir toutes ensemble, et lier par des rapports, étant ordinairement celles qui le frappent et l’affectent le plus, il arrive de-là que, lorsqu’il est parvenu à ces propositions universelles auxquelles l’expérience même l’a conduit, il ne veut pas s’en contenter et s’y arrêter, mais alors cherchant quelques vérités plus connues