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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/11

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I



Devant sa porte :

— Bonsoir, mère.

— Bonsoir, Marie.

Les autres dormaient déjà. Elle tenait une bougie allumée. Elle tourna la clef et fut seule. C’était une mansarde pas bien loin de la rue parce que la maison n’avait pas d’étage, ni bien large parce qu’il fallait aussi de la place pour le grenier. La fenêtre se levait comme le couvercle d’une boîte. Il y avait le lit ; il y avait une malle où les vêtements s’entassent, au lieu de pendre comme dans une armoire ; il y avait la bougie, mais très courte parce que les jeunes filles qui se couchent n’ont pas besoin d’une longue lumière.

Dans la mansarde, contre le mur, se trouvait accroché un petit miroir. Si petits qu’ils soient, les miroirs servent aux jeunes filles à se regarder. Marie se plaça devant, enleva son corsage, fit glisser sa jupe. Comme elle n’était pas assez haut pour ce qu’elle voulait voir, elle grimpa sur une chaise et troussa sa chemise jusqu’au dessus des seins.

Il y eut ainsi, dans la mansarde, encadré comme une peinture, un hôte de plus : le reflet d’un ventre nu dans une glace.

Cet hôte était inquiétant. De face, on n’y voyait rien : égal, bien rond, comme sont les