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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/110

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— Pourvu que je ne pleure pas, pensa Marie.

— Et, pour commencer, vous avez des parents. Eh bien ! ils connaîtront la conduite de leur fille, je vais leur écrire.

— Mon Dieu, pensa Marie.

— Non, lui souffla la gouvernante.

— Non, fit Marie.

— Il est vrai, continua le commissaire, vous avez l’âge. Quand même, c’est immoral. Je vais faire une enquête. Répondez-moi. Qu’est-ce qui vous pousse ? La misère, n’est-ce pas ?

— Non, indiqua la gouvernante.

— Non, dit Marie.

— Alors, la paresse ?

— Oh ! non, protesta Marie.

— Ni la paresse, ni la misère. Alors le vice ?

— Le vice, oh !…

— Oui… oui, fit la gouvernante.

— Oui, dit Marie.

Le reste ne fut plus rien. Le commissaire frappa sur sa table :

— Franchement, ce que vous faites est mal ; je ne saurais assez vous dire combien c’est mal. Voyons ! vous pourriez cependant faire autre chose ; il y a tant de métiers, il y a… il y a…

Il chercha dans ses papiers, comme pour en tirer un des métiers qu’il voulait dire :

Et au lieu de cela, vous vous mettez en dehors de la société : vous devenez une fille publique, pu-bli-que entendez-vous. Je dois m’y opposer de toutes mes forces… Nous disons donc : Guillot… Marie… Bon. Saine ? Le médecin vérifiera. Et surtout que je ne doive jamais vous mettre à l’amende.