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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/159

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nuit, ce mort, ce pendu qui est presque votre propriétaire. Pauvre gosse ! Elle le garda les sept nuits de la semaine. Après celles-ci, les autres nuits du mois.

Un peu plus tard elle calcula. Deux loyers pour deux, quand on pourrait n’en payer qu’un. Surtout, lorsqu’on a chez soi au-dessus de sa chambre, une belle mansarde qui ne sert que pour les malles.

Ils y montèrent un dimanche. Une jolie fenêtre se levait en oblique sur le ciel :

— Tu vois, ici, nous mettrions ta table ; là ta belle armoire ; ici tes plâtres, ta bibliothèque.

Elle-même travaillerait moins souvent chez les autres : elle prendrait à domicile de l’ouvrage pour un magasin : on serait ensemble.

Ce fut ainsi. On trouva dans les tiroirs de Marie une place pour les chemises d’Henry, dans la mansarde d’Henry une place pour la Chaise longue de Marie. On pendit dans l’armoire, jambes à jupe, les belles robes de Marie et les culottes à franges de Henry. On eut aussi — confondus — les deux mille francs que possédait Marie et six cents que se trouvait posséder encore Henry. Puisqu’on s’aimait, voyons !

Vers cette époque, pour Henry survint la catastrophe. Son patron fit banqueroute. Perdus les dix mille francs, au diable sa bonne place ! « Si jamais cela saute, je me tue », avait dit Henry. Cela sautait. Bast ! Autrefois, étant gosse, Henry s’effrayait d’avance des leçons qu’il trouvait dans sa grammaire : Cheval fait chevaux et chacal reste chacals. Comment retenir cela ? « Heureusement, pour lors je serai mort. » Les