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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/220

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ou Guido ! Mais Henry, et par là-dessus Boulant. Avec ce nom il arrive que deux ans dans la bruyère, cela fait combien de jours dans la bruyère ? Que ce soleil dont on pense : « Il est beau », est ce même soleil dont tous les jours on a dit : « Il est beau. » Que ce bleu que l’on voit dans les yeux des Trappistes, eh bien, quoi ? c’est du bleu dans l’œil d’un Trappiste. Que ces choses surtout que l’on portait en soi, que ces choses que l’on n’a pu sortir, on veut à tout prix les sortir. Et, parce que, dans la bruyère, on les garderait pour soi, tout ce qu’alors on constate ! D’abord, qu’avec ces deux cents poules, au lieu du « pas de maître » qu’on voulait, on a deux cents maîtres ; qu’avec ces deux cents poules, au lieu du silence qu’on cherchait, on a deux cents gosiers à crier : « Kedaak » quand on pense ; qu’avec ces deux cents poules, si bien qu’elles pondent, si pauvrement qu’on vive, on a deux cents becs picorant avec vous les deux mille francs de la tante. Goudron l’argent ; même à la campagne, on s’y poisse les ailes.

— Bah ! on s’arrange, dirait un Benoit.

Pas Henry ! Un jour, il dit :

— Tout de même, la ville…

Plus les sapins qui s’ennuient, plus les abeilles toujours abeilles, plus les poules, ces garces ! De bonnes voitures qui font du bruit, les amis qui travaillent, la Vie qui vous accoste : « Toi qui cherches, petit ; regarde, je ne suis pas en froc, moi. Ma robe est belle, je suis vêtue d’idées. Nue, mes cuisses sont encore de l’idée ; plus loin, si tu entres, toujours de l’idée ; dis petit… celles que tu cherches… »