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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/226

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la vérole » ; encore certaines histoires dont on haussait les épaules : « Ce fou a tué une femme. Tant pis pour elle ; est-ce que cela me regarde ? » Et voilà que ces balivernes, ces mots, ces histoires, tout à coup se mettent à vivre ; que le mariage, après tout, oui, c’est le mariage ; que la propreté morale, cela se porte ; qu’un chancre, cela vous mange ; que ces fous, mon Dieu ! peut-être en cette minute…

De toutes ces choses plein la tête, pendant qu’il attendait Marie, il lui arrivait de se dire : « Mon vieux, ce que tu fais là, tu es un fameux cochon. »

Si cochon que cela ? Avez-vous remarqué ? Vous regardez une femme : le nez comme ceci, la bouche comme cela. Vous regardez encore ; plus comme ceci : un autre nez, une autre bouche. Vous persistez : pour peu, vous ne reconnaîtriez plus cette femme. Ainsi pour les idées : vous les fixez longtemps, leur figure change.

Ces heures à rester seul, Henry fixait beaucoup les idées. Un jour, la singulière figure ! Elle avait du bleu des Trappistes. Sa bouche était triste et ne pouvait que se taire :

— Bast, répondit Henry.

Un autre jour, on aurait dit une maman : comme une maman, elle fut très bonne :

— Pas un cochon, Henry, un pauvre gosse.

— Oh ! oui, un pauvre gosse.

Un autre jour, très nue, elle riait comme une vraie sotte :

— Hi ! hi ! te voilà un p’tit homme.

— Hi ! hi ! fit Henry, un p’tit homme.

Une autre fois, peut-être bien qu’elle portait des lunettes :