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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/30

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d’oranger eût prêté à rire ; mais elle aurait l’alliance, solide et coûteuse celle-là, pour toute la vie. Avec la tête d’une clef, elle essayait comment il la lui glisserait au doigt. Elle ne se rappelait plus bien si on la mettait à la main droite ou à la main gauche. Elle songeait aussi à leur intérieur, aux beaux ustensiles qu’elle achèterait, en cuivre comme ceux-ci. Mais que dirait Monsieur ? Il serait peut-être bien triste de la perdre. Que voulez-vous ? Elle le gâterait, en attendant.

Hector répondait pour le mercredi. Sa lettre n’avait pas quatre pages, mais l’écriture était plus serrée, pleine de mots sucrés qu’elle laissait fondre lentement dans son cœur. Malgré tout son amour, elle n’aurait jamais trouvé d’aussi belles choses ; elle n’en comprenait pas certaines, tant elles se contournaient comme les phrases imprimées dans les livres. Celles-là, Marie les humait de confiance ; elle y ajoutait de son rêve.

Lui aussi, il s’occupait de leur mariage. Il faisait beaucoup de démarches, et de coûteuses. C’est ainsi que, le troisième mois, il lui manqua vingt francs.

Elle n’en avait que quinze ; elle demanda le reste à Monsieur.

— Hâte-toi, écrivait-elle, car le petit s’impatiente…

Ce mercredi, elle n’eut pas de réponse ; ni le jeudi, ni le vendredi. Pourquoi ? N’avait-il pas reçu l’argent ? Elle courut à la poste : on ne pouvait rien lui dire. Elle attendait le facteur. Il portait des lettres plein sa sacoche et d’autres encore à la main :