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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/31

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— Rien pour vous.

Une fois, il fouilla plus longuement : une circulaire.

Elle crut d’abord qu’il était malade ; elle envoya un express, le lendemain un télégramme. Il ne répondit pas plus que s’il était mort.

Elle patienta pendant les sept jours de la semaine ; puis, le dimanche, elle fit un petit paquet avec ses affaires. Elle avait les yeux tout gros.

— Je retourne chez moi, annonça-t-elle à Monsieur.

Monsieur savait :

— À votre place, dit-il, j’attendrais. Demain, sans doute, vous aurez quelque chose.

Elle eut, en effet, une lettre, mais elle ne vint que le soir et ne portait pas l’écriture qu’elle espérait. Cela venait de mère. Un autre jour, elle eût écouté chacun de ces mots, comme si elle se fût trouvée à causer avec la brave femme. Aujourd’hui, elle eut fini en une minute. Père se portait bien, quoiqu’un de ses plus gros lapins fût mort ; le petit Romain avait eu la rougeole ; pour ce qui était de la mère, elle avait toujours autant d’ouvrage. La femme du boulanger était morte. Il se trouvait encore, dans un coin, quelque chose de griffonné en travers, comme une nouvelle sans importance du dernier moment. Elle ne pensait pas à la lire quand elle reconnut ce nom : Hector. Hector ! Le mot lui parut aussi grand que la page. Elle ne connaissait qu’un seul Hector. Elle dut s’y reprendre et regarder de près, tant les lettres se brouillaient. Elle lut : « Hector Van Dun s’est marié hier avec Louise Smeers : il y avait trois voitures… »