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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/18

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monde tourne autour de cet axe. Des prêtres sont devenus prêtres parce qu’ils croyaient en lui, tout à coup ils ne croient plus. Des savants le nient, puis l’affirment. Comment savoir ? Qu’il existe, nom de nom, ou qu’il n’existe pas, mais que l’on soit fixé. Un jour, je me dis : « Peut-être oui », le lendemain « Peut-être non ». Jamais un Tout-oui, un Tout-non. S’interroger là-dessus, ne pouvoir s’en empêcher, est-ce être fou ?

J’en arrive aux phénomènes extérieurs, ceux qu’un chacun peut voir. Quand je suis sérieux, je les appelle « mes mouvements » ; quand je plaisante « mes bêtises ». Entre parenthèse, si j’étais fou, dirais-je jamais : « mes bêtises » ? Voici. Si je parle d’un petit bonhomme qui est dans ma tête, entendons-nous : il n’y a pas de petit bonhomme dans ma tête. Les choses se passent comme s’il y était. Il commande, j’obéis. Tout à coup, c’est irrésistible : ma main se lève, je pointe mon pouce et dois l’enfoncer dans l’œil. Hif ! cela fait mal. L’œil droit est déjà entamé. Qu’arrivera-t-il, quand j’attaquerai le gauche ? Réagir ? Oui : c’est l’éternel conseil à ceux qui précisément ne peuvent réagir ! Quand je m’envoie le pouce, je me gronde : « Tu te blesses, tu es stupide ». Stupide ou non, il faut. Et le mouvement doit être bien fait.