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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/242

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Je me fis signe que je me refusais à cette pensée. Elle s’imposait :

— Ne fais pas l’hypocrite. Tu as beau secouer la tête : tu y penses, tu y as pensé : il y a déjà eu l’autre Jeanne, celle dont tu t’es vanté devant Dupéché, que tu as oubliée à confesse. Elle est belle, ta confession. Frotte, passe et repasse ton torchon. Ton isba garde la tache de l’autre Jeanne. Cela ne partira pas plus que la tache sur la valise de ton papa, pas plus que la tache sur la main de Lady Macbeth. Va, va, ta confession, ton bon Dieu, qu’est-ce tout cela quand tu penses à l’autre Jeanne.

Le couple s’embrassa de nouveau. J’entrevis quelque part une chambre, un divan :

— La femme à un bout, l’homme à l’autre ? On te l’a déjà dit : bon pour les bourriques. Quoi ! tu te rebiffes ? Ce serait laid avec Jeanne. Dis ce que tu voudras. Il y aura toujours ceci entre vous, qu’elle est une femme, toi un homme. Et tu le sais, quand une femme s’est donnée, tu tiens un gage, elle est à toi, tu ne crois plus qu’elle mente, tu ne t’inquiètes plus qu’elle soit seule, toi-même tu ne mens plus : vous avez échangé le sceau, le sceau, le sceau.

Au fond, je le sentis, ce raisonnement ressemblait trop à la manière de Dupéché. Il ne venait pas de moi. L’autre était dans cette