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V



Je puis maintenant passer plus rapidement sur les années qui suivirent. Quelques jours après la première communion, Dupéché vint à la maison. Il n’y était jamais venu. Ce fut sa seule visite, du moins à cette époque. Je pensai au perce-oreille, je surmontai ma rancune. Je lui montrai ma chambre, mes livres, mes images, ce goinfre d’Italien. Je croyais encore que si ce Monsieur avait un si gros ventre, c’est qu’il attendait un bébé. Je le confiai à Dupéché. Il me rit au nez, sans d’ailleurs s’expliquer. Intrigué, j’interrogeai mes camarades à l’école. Ils m’apprirent le reste, plus ou moins. Ce fut un grand malheur. Bien que je fusse sacrilège, je redoutais toujours le péché. Or, le ventre du Monsieur, j’eus beau me dire qu’il n’était qu’un ventre d’homme, le voir m’en rappelait d’autres et certains actes pas bien définis, nommés « l’œuvre de la chair » auxquels il était interdit de penser. Je me refusais d’y penser ;