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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/54

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mais j’y pensais. J’y pensais d’autant plus qu’on ne m’avait rien expliqué de précis. Et comment savoir si je ne mettais pas, dans ces pensées, ce que mon professeur appelait une complaisance coupable ?

Ainsi le ventre du Monsieur devint pour moi une cause continue de scandale. Comme il faut éviter le scandale, j’en arrivai à demander à maman que l’on déménageât. Naturellement, elle ne comprit pas.

Il y eut aussi la fenêtre de la cuisine. Un jour, on remplaça la femme de chambre. Mais le larbin resta et pour lui la nouvelle valait l’ancienne : les mêmes vilains gestes. Je détournais mes regards, je fermais les yeux en secouant la tête : « Non, non ! » : que je ne les regardais pas. Mais l’image en était imprimée à l’intérieur de mes paupières. Je la voyais : ces gestes d’ailleurs on les faisait en ce moment. Encore une fois, j’y pensais.

Tout cela était bien difficile à raconter en confession. Dire : « J’ai eu de mauvaises pensées » ne me suffisait pas. Je cherchai le confesseur qui m’avait appelé un bon enfant. Je ne le trouvai pas. Je m’adressai à notre curé. Lui si bon, il coupa net mes explications.

L’histoire du perce-oreille, ne fut pas éclaircie non plus :