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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/55

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— Pas d’importance, mon enfant.

Ces mots ne me tranquillisèrent pas, Peut-être le prêtre les avait-il dits parce que je soulignais insuffisamment l’importance de l’histoire. En tout cas j’y attachais, moi, de l’importance. Et les actes, aux yeux de Dieu, ont l’importance qu’on leur donne. Je retournai à confesse. Le prêtre s’impatienta :

— Je vous l’ai dit : cela n’a pas d’importance.

Alors ? Absous d’un péché dont on refusait de comprendre la gravité, je n’étais pas absous. Je n’osais plus y revenir, et me taisant, j’entassais, d’une confession à l’autre, sacrilèges sur sacrilèges. C’était ainsi. Des gens connaissent la maladie dont ils mourront. Je connaissais la mienne. Sacrilège, tôt ou tard, je deviendrais la proie du diable. Rien à faire. Je traînais cette idée. Elle grandit avec moi. Elle donnait à mes actes une inquiétude, logique pour moi, qui devait intriguer ceux qui ne savaient pas. Je surveillais si l’on fermait bien les becs de gaz. J’appuyais du pouce pour être sûr, puis vérifiais de nouveau, car s’il était fermé, en appuyant ne l’avais-je pas ouvert ? Je flairais ma viande. N’était-elle pas décomposée ? N’osant la laisser là, j’y répandais des doses de sel qui purifie :