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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/60

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y eut des pas. On parla. Trois voix d’hommes que je ne connaissais pas. À un moment, le cri monta. Je regardais dans la cour. Dans sa salle à manger, le goinfre eut un geste d’impatience et le valet vint fermer sa fenêtre. On ferma les autres, aussi. Un peu plus tard, je vis arriver l’oncle Maryan, celui qui m’avait raconté ses histoires de boyards. Il marchait vite. Il leva les yeux vers notre logis. Il me fit un petit signe. Je crus qu’il me rejoindrait tout de suite. Je dus attendre. Quand il vint enfin, il frotta contre ma joue sa bonne grosse barbe. Il souriait avec tant de gentillesse qu’il me fut impossible de savoir s’il était triste. Papa souriait aussi — avec effort :

— Alors, dit mon oncle, c’est entendu. Nous emmenons ce bonhomme. Demain il verra mon mas.

Ce mot me parut drôle. Je demandai :

— Votre mas, mon oncle ?

— Mon isba quoi ? ma maison, là-bas.

— Et maman ?

— Elle est un peu malade. Ce ne sera rien.

Il aida papa à faire un paquet de mes vêtements. Papa jura, parce qu’il ne trouvait pas mes chaussettes. À un moment, j’eus envie de retourner vers la fenêtre : mon père brusquement venait de nous quitter. L’oncle me retint et commença une histoire. Je n’en