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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/61

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compris rien, trop occupé par un remue-ménage dans l’autre chambre. Quand le silence fut revenu, l’oncle me laissa sortir. Je me dirigeai vers le lit pour embrasser maman. Elle n’y était plus. Nous partîmes le soir même…

— Voilà mon mas !

C’était en pleins champs, une grosse paysanne de maison, toute blanche, les volets clos sous un soleil éblouissant. Nous avions roulé la nuit, une partie de la matinée, changé de train, gravi dans la poussière une longue côte où se dressait, de temps en temps, un arbre comme on n’en voyait pas à Paris.

À l’intérieur du mas, il faisait noir. Une femme se trouvait là, que je distinguai mal.

— Voilà ! Je t’amène un bonhomme. Je t’expliquerai. Embrasse-le, Varia.

Elle m’embrassa. Elle sentait bon. Je ne savais pas que l’oncle eût une femme.

C’est ainsi que du jour au lendemain je fus transporté en Provence. Je dirai plus loin pour quelles raisons j’aimai tant ce pays. Si je me l’imagine à présent, j’en retrouve peu de chose : un gros pin tout seul, le jaune d’un rocher, beaucoup de bleu, une ondulation de montagnes : c’est tout.

Les premiers jours, je ne remarquai rien. Je