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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/67

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pauvre Martin, comme le vôtre à Paris. C’est un voisin, dont on se moque. On lui fait des niches. On l’appelle le Velu, par jalousie, petit, car sa pelisse, en vraie peau d’ours, est plus riche que la nôtre.

Cette présentation demandait déjà beaucoup de gestes. Il fallait montrer l’ours qui baguenaudait chez lui en pantoufles : « il en a quatre » ; et comment, ne supportant pas qu’on lui mît quelque chose devant le museau, il l’écartait avec sa patte :

— Comme ceci… comme ceci, disait l’oncle, en chassant, à coups de patte, ce qui le gênait devant le museau.

J’ouvrais de grands yeux.

— Et alors ?

— L’ours n’aime pas qu’on le dérange. Quelquefois un vrai homme, pour montrer que tout de même c’était lui l’homme, allait jusqu’à la maison du Velu, se campait devant l’entrée et criait : « Hé, sors donc, Homme Velu ; sors, si tu oses ». Et alors…

L’oncle-ours se jetait à quatre pattes et sortait en grognant.

— Oui, mon petit, il sort ainsi. Grrr ! Grrr ! D’abord le museau, puis la tête, puis le corps. Quand il voit de quoi il retourne, il se dresse debout.

L’oncle se dressait debout.