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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/70

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une. Brrr ! et grr ! il plonge, nage jusque-là, s’accroche, se hisse, les crocs dehors pour leur apprendre. « À votre aise, monsieur le Velu, à votre aise. » On le laisse entrer. Oui mais voilà ! Pendant qu’il s’installe, la barque se met à danser, à tanguer, à rouler (comme ceci, disait l’oncle, en secouant son fauteuil, à le renverser). L’ours n’aime pas du tout cela. Il veut bien nager, non pas tomber dans l’eau. Il se cramponne, crie, pleure et pendant ce temps, les hommes avec leurs rames…

L’ours en pantoufles sur ses quatre pattes, l’ours qui écarte ce qui le gêne, l’ours et sa langue comme une cuiller, l’ours qui ressemblait à mon oncle, l’oncle qui ressemblait à mes ours, par là-dessus, tantôt noirs, tantôt bleus, les yeux de ma tante, cela forma dans ma tête un gâchis dangereux. Je dormais mal. Une nuit, j’eus un cauchemar. Je m’entendis hurler. Pensant aux cris de maman, je hurlai davantage. L’oncle ne me dit rien. Seulement, le lendemain, on dressa mon lit dans sa chambre et on ne parla plus d’ours.