Aller au contenu

Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je regardai ses yeux. Ils étaient bleus :

— Oui… Varia.

Je tremblai davantage.

Avait-elle un dessein ? Au retour, elle dit à son mari :

— Le petit sauvage est apprivoisé. N’est-ce pas, Marcel ?

Et de nouveau ses yeux.

— Oui, Varia.

« Varia » resta. L’oncle partit le surlendemain. Cet après-midi, on fit la sieste, puis tante m’emmena vers le pin qui servait quand l’ours volait le miel. C’était le temps des moissons. Loin, des fourmis entassaient sur de petits chariots des fétus qui étaient de grosses gerbes. On reconnaissait quelquefois un cri : Zou ! Le soleil dardait. L’air cuisait les joues. Pfff ! pfff ! tante ne savait comment faire, pour le chasser. À peine sous le pin, elle retourna vers le mas, en revint avec un livre.

— Lis, Marcel. Je vais dormir encore un peu. Pfff ! pfff !

Elle s’affala dans un fauteuil ; moi, par terre à ses pieds. Je lus quelques pages ; je levai les yeux. Même en dormant, elle conservait son sourire. La tête pendait vers l’épaule. Un pied avait glissé en avant, la jupe restait en route. Je constatai :

— Tante n’a plus ses bas.