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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/90

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Je la cherchais. Il y avait aussi la lune. Lorsque ma tête n’en pouvait plus, en guise d’oreiller je glissais en dessous ma pierre. Elle était dure. Tant mieux. Je souffrais pour ma reine.

— Tu es pâle, me disait maman. Si tu as un tourment, dis-le. Le dire ?

À qui ? Certes pas à mon père, cet on qui à coups de poing sur la table en avait assez de ma Provence. À maman ? Et le pacte ? Comme l’ours, je portais ma pierre. La jeter, j’eusse roulé dans le trou où les hommes attendent. Un moment, je songeai à la confession, car Varia ma reine était aussi une Madone et son culte me rapprochait de Dieu. Là je me heurtais à un mystère. En vue de je ne sais quelle épreuve, la Madone m’avait interdit la confession. Je tournais autour des églises : Aller prier là ! Je n’osais, exilé de ma reine, par amour pour elle exilé de Dieu, encore de la souffrance.

Quelquefois, j’ajoutais à mon rêve. Je me figurais dans mon lit, pâle, épuisé, maigre, intéressant : j’allais mourir. Mes parents m’entouraient : il fallait bien quelques personnages autour d’un page mourant. La reine entrait. Et alors…

La scène était si belle que je voulus la réaliser. J’écrivis un testament. Mon corps