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Page:Baillon - Par fil special, 1924.djvu/144

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— Elle revient, parce qu’il y a une miette.

— Non, non ! Je souffle sur la miette : la re-voilà !

— Parce qu’elle cherche sa miette, Rogniez.

— Non, non ! Je couvre la miette. Vous, déplacez votre main… Hein ! vous voyez. Elle reprend sa place. Elle vient pour vous : c’est votre mouche.

— Allons donc, Rogniez ! Vous n’allez pas me dire…

— Comment ? « Vous n’allez pas me dire ? » Je vous assure, Monsieur, cela arrive… Ainsi tenez : en quatre-vingt-quinze, non en quatre-vingt-seize, ou plutôt en quatre-vingt-quatorze, vous vous rappelez l’année où il y avait tant de mouches ?

— Ma foi, Rogniez…

— Mais si, voyons. L’année où le grand Michel…

— Ah ! oui, j’y suis…

Je le laisse bourdonner comme la mouche…

… Le lendemain, Rogniez revient :

— Ah ! vous voyez : elle est là !

— Qui ça, Rogniez.

— Votre mouche.

— Vous croyez, vraiment, que c’est la mienne ?

— Bien sûr ! Dans toute la rédaction, il n’y en a pas d’autres.

— En effet, on n’en voit guère.

— « Guère » ? On ne voit que celle-là. Tenez ! elle fait un petit tour, et, ce n’est pas long, elle revient, près de votre main.

— Et pourtant, aujourd’hui, pas de miettes…