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Page:Baillon - Par fil special, 1924.djvu/145

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— Bien sûr : elle vient pour vous.

— Curieux, quand même, Rogniez !

— Pas si curieux que cela. Les animaux ont du sentiment : ils s’attachent. Ainsi vous connaissez mon Loulou, n’est-ce pas. Un brave chien, c’est M. Sinet qui…

Que Rogniez s’égare derrière son chien, je regarde la mouche.

… Le lendemain :

— Dites donc, Rogniez ! Venez voir : elle est là, ma mouche !


Les pinces.

Deux petites branches d’acier qui s’écartent en ressort et se rejoignent en pointes d’ongle pour saisir de petits objets. Un typo sans ses pinces ne serait plus un typo. Prenez-les, mêlez-les dans une caisse ; vous n’y verrez que des pinces. Chaque typo retrouvera les siennes. Un coin de rouille, un peu plus souples, un rien plus dures, elles ont quelque chose de « mieux en main » que n’ont pas celles des autres :

— Voilà, mes pinces.

Quand on y réfléchit, cela devient très beau.

Les pinces de Rogniez se reconnaissent à l’une de leurs pointes qui est cassée. Il l’a cassée, exprès. Quand il en prend des neuves, il commence par là.

— Pourquoi, Rogniez ? Il me semble que deux pointes bien égales, bien prenantes…

— Mes premières pinces avaient le bout cassé…

Après tout, peut-être a-t-il raison.