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Page:Baillon - Par fil special, 1924.djvu/155

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Il est lent, il est lourd : il composerait tout de travers. À lui le feuilleton que l’on tape à son aise, en fumant une bonne pipe. Avant le lecteur, il sait quand la marquise retrouvera sa fillette enlevée par le vicomte. Ses personnages l’intéressent. Quand il se hâte, c’est pour savoir plus tôt. Il vit, avec les doigts, leur existence. Regardez-le. Il se frotte un œil : son héroïne doit se trouver dans une vilaine impasse.


Jacques.

Il est puriste. Avant de le composer, il s’assure que le texte n’offense pas la grammaire. Si quelque chose le choque, où M. le Rédacteur a mis sa syntaxe, Jacques mettra la sienne. Elle est souvent meilleure.


Charles.

Quand on est nerveux, huit heures sur un tabouret, quel supplice ! Heureusement, il y a des prétextes. Il se lève et m’arrive :

— M’sieur, je lis là Léon. N’est-ce pas lion qu’il faut lire ?

— Bien sûr : lion.

— Merci, M’sieur.

— À ton service, vieux.

Ce n’est pas long. Le re-voilà :

— M’sieur, quel drôle de mot ! Je ne parviens pas à le lire. Là, voyez.

Je ne regarde pas :

— Moi non plus, vieux.

— Tiens ! c’est curieux ! Je le vois tout à coup.