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Page:Bainville - Bismarck.djvu/72

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Et c’était Clovis de Hohenlohe qui, ayant préparé tous ses sacrifices, devait en recueillir le fruit.

Les Mémoires du prince nous obligent à poser une fois de plus l’irritante question. Était-il possible, même à cette extrémité des choses, d’empêcher la catastrophe de 1870 et cette catastrophe des catastrophes : la formation d’un Empire allemand ? N’y avait-il pas moyen, même à ces derniers degrés de la pente, de retenir encore l’Allemagne dans un état en faveur duquel conspiraient tant d’intérêts et tant d’habitudes ? Les notes prises par le prince au cours de la guerre de 1870 montrent une fois de plus que l’unité ne se fit ni si aisément ni si naturellement que nos professeurs l’enseignent. Ses partisans et ses auteurs furent souvent inquiets du tour que prenait l’affaire et des difficultés qui renaissaient sans cesse de tous côtés. Qu’on n’estime pas superflue notre insistance à revenir sur ces détails historiques. Ce passé est d’hier. Il nous talonne encore. Ce n’est pas par un vain goût de l’hypothèse ou de l’histoire imaginaire qu’on se représente toutes les possibilités qui, dans des circonstances décisives pour l’avenir de la nation française, furent gâchées et négligées en conformité des funestes principes posés par la Révolution et appliqués par la politique napoléonienne. La véritable politique française, celle des traités de Westphalie, celle de Richelieu, de Vergennes et de Talleyrand, éprouvée par une expérience de deux siècles, était si naturelle, répondait si bien à la nature des choses, que jusqu’au moment où l’œuvre de nos hommes d’État fut irrémédiable-