Aller au contenu

Page:Bainville - Bismarck.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Gontaut-Biron, ambassadeur de France, dont le rôle, à la lumière des documents nouveaux, apparaît encore plus considérable qu’on n’avait cru. Les souvenirs de M. de Gontaut-Biron s’arrêtent à la fin de 1873 et sont d’ailleurs fort discrets sur l’activité occulte de notre représentant. Mais ce que révèlent les Mémoires du prince de Hohenlohe justifie la haine dont Bismarck poursuivit M. de Gontaut-Biron, l’acharnement qu’il mit à exiger du gouvernement français son rappel, et le soupir de soulagement qu’il poussa lorsqu’il l’eut obtenu de Gambetta au pouvoir : « Le changement de l’ambassadeur de France à Berlin m’a causé une satisfaction extraordinaire », écrira-t-il le 28 décembre 1877 au comte Henckel de Donnersmarck. Or cette année 1877 se termina sur la double victoire des républicains en France et de Bismarck en Allemagne, sur l’apaisement du Kulturkampf et sur le commencement des hostilités contre les catholiques français.

Après cet exposé, qui était nécessaire, il devient facile de comprendre le sens et surtout d’apprécier la portée des instructions que Bismarck avait données au prince de Hohenlohe en le chargeant de l’ambassade d’Allemagne à Paris. Ces instructions se résumaient en ceci : faire le contraire de ce qu’avait fait le comte d’Arnim. C’est-à-dire, avant tout, soumission absolue aux ordres du chancelier : pas d’intrigues avec personne en Allemagne, pas d’égard aux volontés de la cour ni même à celles de l’empereur. Hohenlohe ne devra servir que l’intérêt