Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/226

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et s’apercevant qu’ils n’étaient que des professeurs de rhétorique et des ânes, ils finirent par s’asseoir dessus. Ils ont toute l’administration, la vieille administration, dans leurs mains, tous les moyens d’action, — et s’il est vrai que l’empereur voyage, l’empire, l’État despotique et plus centralisé que jamais, est debout. Et armés de cette toute-puissance, augmentée par l’élan du patriotisme national dévoyé, ils écrasent aujourd’hui et Paris et la France.

N’ont-ils pas osé mettre en état de siège…[1]. Et tandis que les journaux réactionnaires, comme la Presse par exemple, s’écrient hypocritement : « Dieu merci, le peuple français a pris en ses mains le soin de la défense du sol natal… Les citoyens se sont entendus, ils se concertent, ils s’organisent… Ce n’est plus le gouvernement seul qui est chargé de veiller pour nous, c’est nous-mêmes », — la triple incarnation de ce qu’il y a de plus canaille dans le régime de Napoléon III : Palikao, Chevreau et Jérôme David, servis fidèlement sous ce rapport par tous les préfets et sous-préfets de Napoléon III, restés tous en place, ont couvert d’un réseau |15 de compression plus réactionnaire que jamais tout le pays et l’ont réduit à une immobilité à peu près absolue, à une passivité qui ne diffère pas beaucoup de la mort.

Voilà comment le patriotisme des Jacobins a trahi et perdu la France. — Oui, perdu : car si la révolution sociale, ou le soulèvement immédiat, anarchique du peuple français ne vient pas la sauver, elle est perdue.

0) Palikao et Chevreau, ainsi que le Comité de défense de Paris avec Trochu à sa tête, déploient, dit-

  1. Ici un mot illisible, et peut-être un ou deux mots omis. — J. G.