Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/190

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sous la monarchie légitime restaurée, jusqu’à ce qu’il fut vaincu |275 de nouveau par une dernière révolte du principe de la liberté. Mais cette fois la liberté, devenue elle-même plus modérée et plus sage (c’est-à-dire bourgeoise et seulement bourgeoise), ne tenta plus la destruction impossible de l’autorité salutaire et si nécessaire de l’État ; elle s’allia avec elle, au contraire, pour fonder la monarchie de Juillet, la Charte-vérité[1].

L’État, comme institution divine, est par la grâce de Dieu. Mais la monarchie ne l’est pas. Ce fut précisément la grande erreur de la Restauration d’avoir voulu identifier, d’une manière absolue, la forme monarchique et la personne du monarque avec l’État. La monarchie de Juillet fut une institution non divine, mais utilitaire, préférée à la République parce qu’elle fut trouvée plus conforme aux mœurs de la France et qu’elle était rendue nécessaire surtout par la grande ignorance du peuple français. Aussi le plus beau titre de gloire dont put se prévaloir le roi sorti de la révolution de 1830, Louis- Philippe, ce fut celui de La meilleure des Républiques, titre équivalent à peu près à celui de Roi galant homme, donné plus tard au roi Victor‑Emmanuel en Italie.

Le droit divin, le droit collectif, réside donc uniquement dans l’État, quelle que soit sa forme, monarchique ou républicaine. Ses deux principes

  1. Allusion au mot de Louis-Philippe à son avènement : « La Charte sera désormais une vérité ». — J. G.